Messages clés :
- Le climat de l'Afrique de l'Ouest a été observé comme changeant dans les récentes décennies, certains de ces changements étant clairement attribuables au changement climatique. Les projections climatiques régionales montrent un haut niveau de confiance dans l'augmentation des températures dans la région, mais peu de consensus concernant la direction et la magnitude de changements potentiels dans les précipitations, avec une haute variabilité dans les projections. On s'attend à ce que ces changements aient des impacts significatifs sur les services écosystémiques tels que le stockage du carbone.
- La biodiversité et les aires protégées sont actuellement affectées par le changement climatique et certaines aires protégées sont plus vulnérables que d'autres à ses impacts. Un nombre significatif d'espèces ouest-africaines (y compris les amphibiens, oiseaux, poissons d'eau douce, mammifères et reptiles) ont été identifiés comme étant vulnérables au changement climatique sur la base de leurs traits biologiques spécifiques. Parmi ces espèces, celles ayant été évaluées comme étant menacées au niveau mondial devraient être considérées comme des priorités pour la conservation. On s'attend à ce que une large proportion d'amphibiens, oiseaux et mammifères se retrouvent dans des aires au climat moins approprié avant la fin du siècle, et un haut taux renouvellement des espèces est attendu pour la plupart des aires protégées de la région, particulièrement dans la région de la Forêt Guinéenne.
- La gestion des aires protégées doit être améliorée afin d'augmenter la résilience des aires protégées au changement climatique. Les aires protégées d'Afrique de l'Ouest doivent en effet faire face à un certain nombre de pressions anthropiques. Il est donc crucial de d'abord améliorer l'efficacité de la gestion des AP existantes afin de leur donner de meilleures chances de faire face aux impacts du changement climatique. Pour les espèces identifiées comme étant vulnérables au changement climatique, des options de gestion spécifiques consistent en la facilitation de leur dispersion et l'identification de zones avec un climat approprié persistant au sein de leur distribution actuelle. De plus, afin de protéger entièrement tous les éléments de conservation de la région, il est recommandé que le réseau existant d'aires protégées soit étendu.
Aires protegees d'Afrique de l'Ouest. Les pays du projet sont indiques avec des frontieres en rouge.
Le projet était centré sur cinq pays constitutifs en Afrique de l'Ouest : la Gambie, le Mali, la Sierra Leone, le Tchad et le Togo (Figure 1). Trois pays supplémentaires (le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et le Ghana) ont participé aux ateliers régionaux de formation et à certaines activités aux sites pilotes transfrontaliers. Toutefois, tous les éléments techniques du projet (tels que les projections climatiques, les évaluations de la vulnérabilité et les systèmes de planification de la conservation) ont été réalisés à l'échelle régionale, couvrant la totalité de la région d'Afrique de l'Ouest.
L'objectif principal du projet consistait à élaborer des stratégies et des outils en vue d'accroître la résilience des AP au changement climatique, et de renforcer les capacités dans la région afin de mettre en oeuvre ces nouvelles approches. Dans le cadre de ce projet, nous définissons la résilience des aires protégées comme étant leur capacité à faire face aux impacts du changement climatique de manière à ce que leurs fonctions essentielles et capacité d'adaptation soient maintenues. Un des aspects clés de la résilience d'une aire protégée est sa capacité à conserver la biodiversité, qui dans ce projet a été évaluée en terme du renouvellement attendu des espèces dans le futur, en prenant en compte à la fois les traits biologiques des espèces et leurs distributions spatiales. Afin de réaliser ces analyses et atteindre ses objectifs, le projet a nécessité le soutien et l'engagement continus de la part de tous les partenaires nationaux, régionaux et internationaux.
Suite au développement de nouvelles projections climatiques régionales pour l'Afrique de l'Ouest, la vulnérabilité des espèces et des AP au changement climatique a été évaluée par le biais de deux méthodologies complémentaires qui ont ensuite été intégrées : les Modèles de distribution des espèces (SDM) et les Évaluations de la vulnérabilité basées sur les traits biologiques (TVA). Une analyse de la connectivité du réseau d'AP de l'Afrique de l'Ouest a en outre souligné l'importance d'AP spécifiques ainsi que de liens existant entre les AP. À partir de ces résultats, des systèmes de planification systématique de la conservation ont été élaborés au niveau national et régional pour permettre de déterminer les priorités en matière de conservation dans la création de nouvelles AP, à la fois pour les pays et pour les instances régionales telles que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Des études portant sur les liens entre les AP, les communautés et le changement climatique, et sur les options possibles quant à la gestion et au financement des AP en vue d'une adaptation au changement climatique ont également été réalisées. En s'appuyant sur les résultats scientifiques susmentionnés, cinq sites pilotes transfrontaliers ont été sélectionnés et des activités ont été mises en oeuvre sur le terrain. Ces activités comprenaient des recommandations concernant le suivi des espèces et la conception ou la révision de plans de gestion transfrontaliers tenant compte du changement climatique, ainsi que le développement d'un nouvel Outil de suivi de l'efficacité de la gestion (METT) intégrant des éléments liés au changement climatique.
De manière importante, le renforcement des capacités s'est effectué à différents niveaux tout au long de la durée du projet, principalement par le biais d'ateliers de formation au niveau national et régional. Enfin, des stratégies d'adaptation et des recommandations politiques ont été élaborées pour l'adaptation au climat et la gestion climatique au niveau national et régional, de même que des lignes directrices pour les gestionnaires d'AP dans le cadre du changement climatique. En outre, les résultats du projet PARCC ont été intégrés au site web de Protected Planet, l'interface sur internet de la Banque de données mondiale sur les aires protégées (WDPA), et permet l'accès aux résultats des évaluations de la vulnérabilité pour chaque aire protégée d'Afrique de l'Ouest (http://parcc.protectedplanet/sites). Le projet a donc généré des informations approfondies concernant les effets du changement climatique sur la biodiversité et les AP, permettant ainsi une meilleure compréhension de la manière d'améliorer la gestion des aires protégées, notamment des AP transfrontalières, face au changement climatique.