Résultats clés : L'approche TVA qui intègre les SDM a révélé qu'un nombre moins élevé d'espèces pourraient être vulnérables au changement climatique par comparaison à l'utilisation d'une approche TVA simple, ainsi que la présence de davantage d'espèces ne présentant aucun consensus. L'approche SDM qui intègre les TVA a révélé que les changements des aires de distribution des espèces attendus face au changement climatique étaient très variables. Pour la plupart des espèces, les options de gestion recommandées sont de faciliter la dispersion des espèces et d'identifier les sites présentant un climat approprié persistant au sein des aires de distribution actuelles des espèces.
Suite à la mise en oeuvre des deux approches d'évaluation de la vulnérabilité des espèces et des AP au changement climatique, l'Université de Durham a exploré la possibilité de combiner les approches SDM et TVA afin de générer des évaluations intégrées de la menace potentielle du changement climatique pour les espèces importantes en termes de conservation dans les AP d'Afrique de l'Ouest.
Les évaluations de type TVA se basent sur les données relatives aux traits biologiques des espèces pour déterminer l'exposition, la sensibilité et la capacité d'adaptation probable des espèces aux changements du climat. Les évaluations SDM, qui établissent un lien entre la présence d'une espèce et le climat, peuvent quant à elles être utilisées pour évaluer la sensibilité d'une espèce aux changements attendus du climat, leur exposition au climat étant déterminée par les projections des changements climatiques.
Toutefois, les SDM ne prennent généralement pas en considération la capacité d'une espèce à réagir de par leurs traits biologiques aux changements dans les zones qui présenteraient un climat approprié.
Les méthodologies TVA et SDM ont ainsi été combinées de deux manières :
1. Les projections de l'adéquation du climat ont été utilisées pour chaque espèce dans le cadre de scénarios climatiques futurs, afin de remplacer les mesures plus simples concernant l'exposition au climat généralement incluses dans les TVA. La vulnérabilité probable des espèces au changement climatique a ensuite été estimée en combinant ces projections relatives à l'exposition avec les informations relatives à la sensibilité et à la capacité d'adaptation issues des analyses TVA. Ceci a ainsi résulté en une intégration des méthodes SDM et TVA appelée « TVA modifiée ».
2. Les données pertinentes relatives aux traits biologiques ont été incorporées aux SDM, soit en tant qu'élément dynamique dans les modèles de réponses des espèces au changement climatique soit, pour les traits biologiques qui ne pouvaient pas être intégrés à un modèle de distribution dynamique, par le biais de requêtes dichotomiques fondées sur les traits biologiques. Ceci a résulté en une approche mixte quant à la combinaison de la modélisation géographique et des traits biologiques appelée « SDM modifiée ».
Les résultats révèlent que le degré de différenciation de ces deux méthodes est fortement affecté par la façon dont sont traitées les espèces pour lesquelles il n'existe pas de consensus quant à l'impact futur du climat (c.-à-d. aucune tendance constante dans leur réponse aux changements attendus).
Par comparaison à l'évaluation de la vulnérabilité au changement climatique proposée par Carr et al. (2014), la « TVA modifiée », qui intègre la modélisation de l'adéquation au climat de manière géographiquement explicite, indique un nombre moins élevé d'espèces d'amphibiens vulnérables au changement climatique par site et, en revanche, davantage d'espèces présentant un faible consensus quant à leur degré de vulnérabilité probable face au changement climatique futur. La vulnérabilité globale des oiseaux au climat, évaluée en utilisant la méthode de la « TVA modifiée », suggère un nombre moins élevé d'espèces vulnérables au climat par rapport à l'analyse originale dans les zones méridionales de la région, avec environ 70 espèces pour lesquelles il est anticipé une adéquation en baisse du climat dans les AP du sud, par comparaison à la projection de plus de 100 espèces dans les analyses TVA originales.
L'approche de la « TVA modifiée » a également indiqué un grand nombre d'espèces d'oiseaux pour lesquelles il n'existait aucun consensus relatif à la vulnérabilité au changement climatique. Le nombre d'espèces de mammifères considérées par Carr et al. (2014) comme étant vulnérables est fortement similaire aux nombres qui découlent des «TVA modifiées » en termes de tendances, toutefois, le nombre total d'espèces identifiées comme vulnérables dans les AP est moins élevé que dans l'estimation originale. L'approche de la « TVA modifiée » souligne également une plus faible certitude (consensus insuffisant) concernant certaines zones du SE du Nigéria et des régions côtières du Ghana, de la Côte d'Ivoire et du Libéria.
L'approche des « SDM modifiés » a quant à elle révélé que les changements attendu dans la distribution des espèces face au changement climatique futur sont très variables, après avoir pris en considération des traits biologiques tels que la capacité de dispersion, la durée d'une génération, et l'âge au moment de la première reproduction, en plus de l'adéquation au climat. Cette méthode a permis l'évaluation de la vulnérabilité au climat au niveau de sites spécifiques, ainsi que la formulation de recommandations en matière de gestion pour chaque espèce, selon leur potentiel de réponse au changement climatique attendu. Pour la plupart des espèces en Afrique de l'Ouest, les principales options de gestion sont les suivantes : (i) faciliter la dispersion naturelle des espèces à partir de leur aire de distribution actuelle vers des zones présentant un climat approprié dans le futur, et (ii) identifier les sites présentant un climat approprié persistant au sein des aires de distribution actuelles des espèces et pouvant être considérés comme prioritaires pour la gestion de la conservation.
Nombre d'especes de mammiferes initialement classifies par Carr et al. (2014) comme etant vulnerables au changement climatique et ayant ete evaluees comme vulnerables au changement climatique d'ici a 2040-2069 selon les analyses des TVA modifiees : (a) nombre d'especes pour lesquelles l'adequation au climat diminue dans chaque AP, (b) nombre d'especes ne presentant aucun consensus quant a l'impact futur du climat et (c) nombre d'especes pour lesquelles l'adequation au climat augmente dans les AP.
Durham University. 2015. Intégration des modèles de distribution des espèces et des évaluations basées sur les traits biologiques pour informer la planification de la conservation. UNEP-WCMC technical report.