Des stratégies et des recommandations politiques ont été formulées quant à la meilleure approche de gestion des aires protégées dans la région et pour chaque pays du projet. Les aires protégées existantes et leurs plans de gestion ont été passés en revue pour chaque pays, et en particulier toute référence relative au changement climatique, ainsi que les plans actuels visant à la conception et à l'établissement de nouvelles aires protégées. Sur cette base, des stratégies nationales et régionales ont été développées pour la mitigation et l'adaptation des aires protégées aux impacts du changement climatique, et des recommandations politiques ont été formulées quant à la manière et aux moyens de mettre en oeuvre cette stratégie. Les manières d'intégrer les recommandations aux Stratégies nationales et plans d'action en faveur de la diversité biologique (NBSAP) de la Convention sur la diversité biologique (CDB) et aux Programmes d'action nationaux aux fins de l'adaptation (PANA) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont également été suggérés.
Un résumé des recommandations politiques et de la stratégie d'adaptation pour la région d'Afrique de l'Ouest et pour les cinq pays du projet est présenté ci-dessous.
STRATÉGIE RÉGIONALE POUR L'AFRIQUE DE L'OUEST
Résultats clés : La stratégie régionale et les recommandations politiques ont été développées pour permettre aux pays de la région de mettre en oeuvre des actions qui contribuent aux buts stratégiques des stratégies nationales des cinq pays du projet. Notamment, des éléments clés de conservation nécessitant une protection au niveau régional ont été mis en évidence. La coopération régionale pour la planification et une meilleure gestion des AP face au changement climatique est également recommandée.
La stratégie régionale et les recommandations politiques ont été développées pour servir de point de référence et d'outil de communication faisant autorité afin de garantir la cohérence dans la mise en oeuvre des stratégies nationales, ainsi que la coordination et la mise en réseau. Ces outils régionaux faciliteront (i) l'harmonisation des lois et des institutions (par ex. l'interopérabilité des mécanismes des centres d'échange d'informations et de gestion des données), en particulier pour les AP transfrontalières ; (ii) la mobilisation de ressources financières ; (iii) la mise en oeuvre de programmes de renforcement des capacités humaines et technologiques ; et (iv) les processus de rapports. Des instruments politiques régionaux devront également être développés en réponse aux besoins identifiés dans les documents relatifs aux politiques régionales, tels que le projet de Stratégie africaine globale sur le changement climatique de la CMAE, ou dans le Programme de travail sur les aires protégées (PTAP) dans le cadre de la CDB, et dans les décisions connexes de la Conférence des parties à la CDB.
Les composantes de la stratégie régionale qui a été validée au cours de consultations tenues dans sept pays (Burkina Faso, Gambie, Ghana, Mali, Sénégal, Tchad et Togo) :
a. Stipuleront que les pays de la région mettent en oeuvre des actions relatives aux stratégies nationales dans le cadre du But stratégique 1 « Garantir que les éléments identifiés pour la conservation lorsque les AP existantes ont été établies sont effectivement protégés afin de leur donner suffisamment de chances de s'adapter aux impacts présents et futurs des perturbations climatiques » et du But stratégique 2 « Créer les AP en prévision des impacts du changement climatique en tenant compte, en particulier, des changements relatifs aux aires de distribution des espèces en réponse au changement climatique, et en utilisant les résultats issus du projet PARCC » ;
b. Mèneront à l'identification des éléments qui nécessiteraient une protection prioritaire au niveau régional, et à la détermination des niveaux de protection qui permettraient à chaque élément de conservation de résister au changement climatique ou de demeurer résilient à celui-ci, ainsi qu'à un accord sur la contribution de chaque pays en tenant compte de ses priorités et de ses ressources ; et
c. Valoriseront la coopération régionale pour la planification et la gestion d'AP résilientes au changement climatique. Des programmes coopératifs devront être développés concernant le renforcement des capacités humaines, avec le soutien des banques régionales et/ou d'organisations économiques régionales. La stratégie encourage également l'harmonisation des politiques, des lois et des institutions qui se rapportent aux AP (avec une attention particulière portée aux AP transfrontalières) et aux questions relatives au changement climatique, notamment les mécanismes des centres d'échange d'informations, les bases de données et les stations chargées de collecter et d'analyser les données climatiques.
La mise en oeuvre de la stratégie régionale qui décrit les meilleures méthodes de planification et de gestion des AP dans le cadre du changement climatique justifiera la mobilisation de ressources financières supplémentaires. Ces ressources viendront en appui à la mise en oeuvre du Programme de travail sur les aires protégées, et des plans d'action nationaux connexes, dans lesquels tous les aspects des impacts du changement climatique seront pris en compte. Une vaste consultation sera également nécessaire dans la région, notamment avec les organismes qui pourraient intégrer la stratégie et les recommandations politiques à leurs procédures. Les AP marines et côtières, qui ne pouvaient pas être entièrement prises en compte dans le cadre du projet, devront être intégrées dans tous les plans futurs car elles sont importantes pour le développement durable de certains pays de la région et pourraient également être très vulnérables au changement climatique.
STRATÉGIES NATIONALES ET RECOMMANDATIONS POLITIQUES
Résultats clés : Les stratégies nationales et recommandations politiques ont été développées afin de garantir l'appropriation et l'utilisation efficaces par les pays des résultats du projet. Les éléments proposés des stratégies d'adaptation pour chaque pays comprennent trois buts stratégiques et onze objectifs, et ont été développés en tenant compte des activités existantes pour l'adaptation.
Les cinq pays du projet (Gambie, Mali, Sierra Léone, Tchad et Togo) comportent une riche biodiversité qui fournit d'importants services pour le bien-être de leurs populations. En vue de protéger ce capital naturel pour les générations présentes et futures, ces pays ont établi des aires protégées (AP) qui couvrent 10,2 %, 6,4 %, 6,2 %, 4,1 % et 14 % de leurs territoires terrestres nationaux respectifs. Toutefois, ces AP subissent une pression considérable, provenant en grande partie de la déforestation et de la surexploitation des ressources, du changement des modes d'utilisation des terres engendrant la dégradation et la fragmentation des habitats. En outre, il est de plus en plus reconnu que le changement climatique accentue ces pressions sur les AP. Les perturbations climatiques peuvent en effet rendre les AP inadéquates pour les éléments qu'elles sont supposées protéger, en particulier là où les espèces protégées affectées par le changement climatique se déplacent à l'extérieur des AP pour rechercher des conditions climatiques plus favorables.
Par conséquent, la prise en compte du changement climatique est essentielle en vue de maintenir l'efficacité des AP dans le temps et l'espace. Avant de s'impliquer dans le projet PARCC, ces cinq pays n'avaient pas encore pris en compte la totalité des impacts actuels et futurs du changement climatique dans leurs plans et programmes relatifs aux AP. Le projet PARCC a réalisé un certain nombre d'objectifs relatifs aux programmes des AP en Afrique de l'Ouest, y compris (i) l'assemblage de données climatiques et de projections du changement climatique futur, (ii) la modélisation des aires de distribution futures attendues des espèces d'oiseaux, de mammifères et d'amphibiens, (iii) l'évaluation de la vulnérabilité des espèces aux impacts du changement climatique, (iv) l'identification de zones résilientes au changement climatique qu'il serait avantageux de protéger comme refuges pour la flore et la faune, et (v) la conception de systèmes de planification systématique de la conservation intégrant les informations susmentionnées. Ces systèmes ont permis de réaliser des analyses des lacunes de la représentation des éléments de conservation dans les AP existantes et l'identification de zones prioritaires pour la protection, c.-à-d. de là où de nouvelles AP pourraient être établies, où les AP existantes pourraient être agrandies et où des couloirs de connectivité pourraient être établis ou restaurés.
Le développement de stratégies et de recommandations politiques pour chaque pays ont pour but de garantir l'appropriation et l'utilisation efficaces des résultats du projet PARCC. Certains éléments des stratégies et recommandations politiques ont été proposés pour chacun des pays pilotes et discutés avec les experts nationaux. Ces éléments sont basés sur les résultats et les conclusions du projet PARCC et sont articulées autour de points communs aux cinq pays, afin de faciliter leur agrégation à une stratégie régionale pour l'Afrique de l'Ouest.
Les éléments proposés des stratégies d'adaptation pour chaque pays comprennent trois buts stratégiques, onze objectifs et, selon le pays, 39 à 42 actions spécifiques. Les objectifs et les actions spécifiques ont été identifiés en tenant compte des activités en cours et de celles planifiées dans chaque pays respectif. Les visions proposées pour les stratégies nationales sont les mêmes qu'une partie des visions que les pays ont déterminées dans le contexte de leurs plans de développement durable ou de leurs stratégies nationales pour la biodiversité. L'objectif consiste à garantir l'intégration de tous les aspects de l'impact du changement climatique dans la planification et la gestion des AP.
Le but stratégique 1 se rapporte au renforcement des plans et des programmes de conservation en cours, et à leur mise en oeuvre afin d'améliorer la performance des aires protégées (AP) existantes et, à l'exception du Togo, celui-ci est lié à la finalisation de la désignation ou de la régulation des aires identifiées comme nécessitant une protection, notamment, selon qu'il convient, des zones importantes pour la conservation des oiseaux et de la biodiversité actuellement non protégées, des forêts non classées et des sites Ramsar. Sans protection aujourd'hui, les éléments de la biodiversité qui sont menacés ou vulnérables auront peu, voire aucune, chance de survivre à l'impact du changement climatique. Au lieu d'agrandir son système d'AP, le Togo a décidé de restaurer et de protéger 13 de ses AP (10,21 % du territoire national), non seulement pour garantir leur efficacité, mais également pour améliorer les conditions de vie des populations qui dépendent de ces AP. La mise en oeuvre de ce but stratégique nécessitera essentiellement que les AP existantes et les nouvelles AP deviennent plus efficaces, que les listes des éléments à protéger soient révisées, en tenant compte des objectifs en matière de développement durable et des stratégies nationales pour la réduction de la pauvreté, et que des analyses des lacunes à partir des nouvelles listes d'éléments de conservation soient réalisées.
Le but stratégique 2 concerne la prévision de l'impact du changement climatique et la réponse proactive aux changements environnementaux présents et futurs. Cela implique que les connaissances quant à l'impact observé et attendu du changement climatique soient améliorées, particulièrement au niveau local, que les zones naturellement résilientes au changement climatique et les zones qui comprendront les distributions géographiques futures des espèces déplacées soient gérées de manière efficace, restaurées si nécessaire, et connectées.
Le but stratégique 3 s'attache à la création ou au renforcement de l'environnement favorable en vue de mener à bien la mise en oeuvre des stratégies nationales. Il comprend l'intégration de certains éléments de ces stratégies dans des stratégies, des plans et des programmes plus vastes. Il s'agit en particulier des NBSAP de la CDB, dont certaines sont toujours en cours de mise à jour, et des PANA, pour lesquels une révision est prévue après la 21ème Conférence des parties à la CCNUCC, ainsi que des Objectifs nationaux en matière de développement durable que les pays développeront prochainement. En outre, en s'appuyant sur les activités en cours, notamment les activités de formation initiées dans le cadre du projet PARCC, le but stratégique 3 comprend des dispositions en vue d'intégrer des éléments des buts stratégiques 1 et 2 dans les programmes nationaux de renforcement des capacités humaines, financières, institutionnelles, juridiques et technologiques et dans les programmes nationaux en matière de communication, d'éducation, de recherche et de sensibilisation du public. La mobilisation de ressources financières constitue une priorité. Compte tenu du caractère transversal du changement climatique, le but stratégique 3 insiste sur la coordination et la coopération à l'intérieur des pays et de la région, particulièrement à travers les frontières par le biais des programmes relatifs aux AP transfrontalières.
Les principaux acteurs pour les actions s'inscrivant dans chaque objectif stratégique, ainsi que dans les recommandations politiques connexes, selon qu'il convient, ont été identifiés essentiellement au cours des consultations d'experts. Différents moyens et manières de mettre en oeuvre les éléments stratégiques ont été proposés, notamment les principes des stratégies nationales, les recommandations pour une planification et une mise en oeuvre participatives, et l'établissement de cadres institutionnels pour le suivi, l'évaluation et la réalisation de rapports.
Pour chaque pays participant au projet : Mulongoy, J. 2016. Stratégie nationale et recommandations politiques pour la planification et la gestion des aires protégées face au changement climatique. UNEP-WCMC technical report.